Période 2015-2019

Voilà maintenant un mois que le dosage du RISPERDAL est passé de 50mg à 25mg et je peux vous dire que j’en ressens les effets bénéfiques. C’est surtout sur ma libido que l’effet est le plus spectaculaire. Je vous ai déjà expliqué dans un précédent article que j’avais perdu toute libido avec le RISPERDAL 50mg. De plus le fait de ne pas avoir eu de relations sexuelles pendant près de trois ans ne m’a pas aidé non plus. Pourtant à cette époque j’étais en couple avec Vincent. Vincent je l’ai rencontré au mois de juillet 2016 lors de l’euro de foot. Il était venu un dimanche après midi pour un plan cul et on est restés jusqu’à fin 2019 ensemble. Au début ça se passait bien. Très bien même. On a beaucoup parlé pour apprendre à se connaître et on baisait tout le temps ou presque. C’est toujours comme ça au début d’une relation gay. On passe son temps à niquer. C’était le pied car on s’entendait bien. Au début c’est toujours bien. On parlait de plein de choses et Vincent était loin d’être bête. Je dirais même qu’il était assez érudit. Il travaillait au ministère de l’agriculture à Paris comme contrôleur de gestion. On se voyait le week-end et la semaine il remontait à Paris. Cette relation m’allait bien. Très bien même. Etant un amoureux de Paris j’étais trop content de pouvoir y aller le week-end et visiter des expos, des musées, me balader dans les rues. Bref changer d’air. Oui cette relation me plaisait bien. Le premier couac est arrivé en août. D’un seul coup j’ai perdu ma libido. je n’avais plus envie de plan cul. Ca me dégoutait même. On a commencé à moins baiser avec Vincent. On en a parlé et je lui ai dit qu’il fallait qu’il me donne du temps. Qu’avec tous les médicaments que je prenais ma libido faisait le yoyo. Il s’est contenté de mes explications et on a poursuivi notre relation à distance. Donc jusque là tout allait bien entre nous. Il n’y avait plus de sexe mais il semblait s’en satisfaire. La vie à deux me faisait du bien. C’est comme ça que les mois ont passé.

A cette époque j’étais bénévole à l’ADIE. J’y consacrais un jour par semaine et ça me permettait de ne pas avoir à rester toute la journée à la maison. Depuis juillet 2015 j’allais aussi au CLPA (Centre Lyonnais de Psychiatrie Ambulatoire) plusieurs fois par semaine pour des ateliers sur la TCC (thérapie cognitive et comportementale) mais aussi des ateliers « photomontage », « il était une fois » ( ou on étudiait des contes et après il fallait réécrire la fin ou imaginer une autre histoire). J’ai fait un peu de théâtre aussi. Je suis resté au CLPA jusqu’en juin 2019. C’est là bas que j’ai rencontré le Docteur BOULAY. Dans cet hôpital de jour on soignait les patients par la thérapie. Des ateliers corporels, de gestion de ses émotions, de TCC. Une fois par semaine je rencontrais le docteur BOULAY. Nos entretiens ne duraient pas très longtemps. J’avais encore des hauts et des bas. Il y a des fois ou je n’y allais pas par manque de motivation. Je restais chez moi à ruminer mon passé. Il m’a fallu pas mal d’années pour virer ce mec qui squattait dans ma tête et qui me disait à longueur de journée que je n’étais qu’un bon à rien, que j’avais raté ma vie. J’étais parfois tétanisé à l’idée de sortir de chez moi.

J’appelais ça « le syndrome de la porte fermée ». J’étais enfermé chez moi et je n’arrivais pas à trouver l’énergie pour sortir dehors prendre l’air ou me changer les idées. Je faisais de longues siestes et je glandais pas mal. Heureusement il y avait l’ADIE. J’ai commencé à être bénévole en juin 2015 si je me souviens bien. J’habitais encore à Orliénas. Je venais à Lyon le mercredi matin pour animer les ateliers « bien démarrer son activité et « gagner des clients ». Je me sentais un peu utile même si c’était pas pareil qu’un vrai boulot. C’est à peu près à la même époque que j’ai commencé à être bénévole pour une association le « CLIP » (club informatique pénitentiaire). J’avais laissé mon CV sur le site tous bénévole et j’ai été contacté par une dame bien gentille, Joëlle. J’avais été la voir elle et la coordinatrice de l’association pour discuter de ma future mission : donner des cours d’informatique à des détenus à la prison de Corbas. Ne me demandez pas ce que je suis allé foutre là bas je n’en sais fichtre rien ! Ou du moins si. J’ai ma petite idée. Dans mon grand désespoir et ma grande solitude à Orliénas il fallait que je m’occupe et que je trouve des ressources pour « surmonter » ma vie là bas. Et je pense, avec du recul aujourd’hui, qu’aller en prison voir des détenus (ce n’était pas les plus méchants à qui j’avais affaire) et bien quelque part ça me permettait de dire qu’il y avait des gens encore plus enfermés que moi. Certes j’étais « enfermé » à Orliénas mais la prison me donnait un grand sentiment de liberté. C’était comme une thérapie. J’avais le sentiment que, comparée à celle des détenus, ma vie à Orliénas était moins pesante à vivre. Et pourtant j’ai toujours été du côté de la police. Je voulais même devenir policier quand j’étais jeune. Mais d’une part j’étais myope comme une taupe (ce qui était rédhibitoire à l’époque) et surtout j’étais incapable de monter à la corde ! Déjà à l’époque je n’aimais pas le sport ! J’ai raté ma vocation. J’en ai tellement raté dans ma vie d’ailleurs que je pourrais en écrire des tonnes ! Bref pour en revenir à la prison j’y allais le lundi après midi au début. Et puis, comme je suis une bonne pâte, on m’a sollicité de plus en plus pour venir le jeudi puis le mardi pour faire le bouche trou.

J’ai tenu à peine une année. En juin 2016 j’ai tout arrêté au CLIP. C’est un peu le plaisir d’être bénévole c’est que quand tu n’as plus envie de faire un truc tu n’as qu’à dire « stop je m’arrête » et effectivement tout s’arrête. Pas d’explications à donner. Pas de préavis à faire. Pas de conflit pour des commissions non payées. Pas besoin de signer une rupture conventionnelle. C’est la liberté totale. Pour quelqu’un comme moi qui suis instable c’est formidable. D’autant plus formidable que cela n’impactait pas mes finances Je continuais à toucher mes pensions d’invalidité que je sois en mode « actif » ou « inactif ». Je pouvais passer du bouton « ON » au bouton « OFF » comme bon me semblait je n’avais de comptes à rendre à personne. De toute façon j’en ai toujours fait qu’à ma tête. C’est pour ça qu’aujourd’hui j’expérimente une autre façon de vivre : la stabilité. Ne plus être en permanence à la recherche de nouvelles sensations, de nouvelles « mises en danger » même. Et je me rends compte que cette stabilité m’apporte beaucoup de « zénitude ». J’apprends à 50 ans à ne plus me mettre en danger en permanence. Je n’ai plus de démons à affronter et surtout je vis beaucoup plus sereinement.

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