Orliénas 2014-2015 : 18 mois d’enfer

Ma solitude, mon enfance, mes errances, mes états d’âme…..J’avais abordé beaucoup de sujets. A l’époque j’étais si seul et désœuvré qu’écrire était devenu ma principale occupation. J’ai tout effacé quand je me suis embrouillé avec d’ex amis ou pseudos amis. C’est un des traits de caractère des borderline c’est d’avoir cette faculté de tout envoyer chier. De rompre brutalement. A l’époque j’étais sans concessions. Ca explique pourquoi je suis seul aujourd’hui. Mon psy m’a dit que témoigner de mon parcours (de combattant) pourrait être utile à d’autres personnes qui ont la même maladie que moi, les mêmes troubles. En mémoire de celles et ceux qui ne sont plus là pour témoigner car la maladie les a emportés. J’ai eu cette chance – cet instinct de survie devrais-je même dire – de me reprendre juste à temps avant de commettre l’irréparable. Mes « after » de plus en plus déjantés ou je consommais de la drogue, du GBL notamment, et qui finissaient en partouze. Je n’avais aucune limite. J’étais inconscient des risques que je prenais. Il m’aura fallu un déclic pour arrêter tout cela. D’un seul coup quand j’ai quitté mon appartement de la place croix paquet j’ai laissé derrière moi cette vie de débauche. Je suis allé vivre à la campagne, à 25 kilomètres de Lyon loin de toutes les tentations. Au début c’était génial. J’avais un petit appartement très coquet. Bien ordonné, bien rangé et je faisais le ménage plus souvent que maintenant. Dans ce village je connaissais une amie, Véronique. Je l’a connaissais par l’intermédiaire de mon ex Michel. Elle trainait dans le monde de la nuit avant de rencontrer un mec avec qui elle s’est maquée. On s’entendait bien et on discutait beaucoup. Quand j’ai quitté mon appartement de la place croix paquet je n’avais plus de toit. J’étais devenu un SDF. Bon d’accord je n’étais pas totalement SDF car je logeais chez Pierre mon copain de l’époque. Je cherchais un appartement mais je n’avais pas d’idée bien précise de là ou je voulais vivre. En tout cas je savais ou je ne voulais plus vivre. C’est un peu par hasard que j’ai vu cette annonce pour un appartement à Orliénas. Je suis allé le visiter un soir avec Valérie. Il m’a bien plu. J’y suis retourné quelques jours plus tard accompagné de Valérie et Véronique. J’ai déposé un dossier et comme à l’époque j’avais un CDI j’ai eu l’appartement. Quel bonheur durant les premiers mois. Je voulais du changement je l’ai eu. Je me suis investi dans des activités de bénévole. A la bibliothèque du village, dans le comité de pilotage « agenda 21 » qui s’occupait d’écologie entre autre. Je m’étais même inscrit à des cours de Pilate et de yoga. Bref c’était le grand changement. Mais quand j’ai du rendre ma voiture en septembre 2014 ce fut une autre histoire. J’ai assez vite déchanté. En plus j’étais limité financièrement. Je n’avais pas d’argent de côté je dépensais tout. Donc je ne pouvais pas me payer un déménagement. En janvier 2015, j’ai touché près de trois mille euros de l’organisme de prévoyance qui me paie une pension d’invalidité. Mais je ne pouvais pas en profiter car entre temps je m’étais fait mettre sous curatelle et mon mandataire avait prit la main sur mes comptes. En février 2015 j’ai craqué et je me suis acheté une vieille Clio mais j’ai dû faire des pieds et des mains auprès de mon curateur pour qu’il accepte. Il m’avait dit si vous achetez la voiture ca sera ça ou le déménagement à Lyon mais pas les deux ! Je revivais car j’avais un peu plus d’autonomie. Mais ce n’est pas pour autant que je rencontrais plus de monde. Mes plans cul étaient rares. J’ai passé 18 mois à Orliénas. Durant toute la période ou je n’ai pas eu de voiture soit de septembre 2014 à février 2015 je me débrouillais avec les moyens du bord et il n’y en avait pas des centaines. Quand j’allais à Lyon je devais prendre le bus qui ne passait que quelques fois dans la journée et le dernier partait de la gare de Perrache à 20h. Il lui fallait presque une heure pour me ramener chez moi. Non ce ne fut pas la joie. Ma crainte c’était de mourir seul et que personne ne s’en aperçoive. Il n’y avait aucune animation. Je croisais rarement mes voisins. J’avais un peu sympathisé avec ma voisine de pallier qui était institutrice à l’école du village. Elle m’avait gardé mes animaux pendant mon séjour à Munich chez mon pote David. En juin 2015 je me suis fâché avec Véronique à cause de Thierry. Quel fouille merde ce type. Il ne supportait pas que je sois ami avec Véronique. Il la voulait que pour lui tout seul. Donc il a foutu la merde entre Véronique et moi. Je ne sais pas comment il a fait mais il a réussi à trouver mon site internet et comme j’étais brut de chez brut dans ce que j’écrivais j’avais forcément évoqué Véronique. Elle vivait avec Ludovic un mec qu’elle avait rencontré en boîte, mec qui n’étais pas méchant mais il était un peu sauvage quand même. Véronique était malheureuse avec lui. Un soir elle était venue me voir et s’était mise à pleurer tellement elle se sentait abandonnée par son mec. Donc un dimanche matin Ludovic m’appelle car la veille j’étais passé le voir. Il faisait des travaux avec Thomas le fils de Véronique. Quand je suis arrivé j’ai eu comme l’impression qu’ils parlaient de moi. J’étais un peu parano avec mon traitement donc la moindre contrariété me mettait dans des états pas possibles. Donc Ludovic m’appelle et me dis que je que j’avais cru comprendre la veille, et qui était déjà sur mon site internet, était faux et que non, il ne parlait pas de moi quand je suis arrivé chez lui. Et là mon sang n’a fait qu’un tour. Je me suis mis dans une rage folle. J’avais passé la nuit avec un mec avec qui je n’avais même pas niqué. On ne s’était pas plu et il avait dormi sur le canapé et moi dans la chambre. Donc je l’ai ramené à Lyon et c’est sur le trajet que Ludo m’a appelé. J’ai déposé le mec chez lui et j’ai foncé chez Thierry. Arrivé là bas j’ai freiné un grand coup et je suis sorti de ma voiture en furie. J’ai gueulé très fort « espèce de gros enculé de Sebbak (c’était son nom de famille) sors de chez toi, montre toi fils de pute. Qu’est ce que tu es allé foutre la merde entre Véronique et moi ? Descends que je vienne te foutre mon poing dans la gueule ». Il habitait au RDC à environ 1,5 mètres de la rue. J’aurai pu sauter et m’accrocher à sa rambarde. Il était avec une amie à lui. Une grosse poufiasse qui lui allait très bien elle était aussi faux cul que lui. Je l’aurai tué. J’étais incontrôlable Quand j’en ai parlé à mon psy il m’a demandé d’où ils sortaient ces gens et quand je lui ai dis que c’était des gens du monde de la nuit il n’a pas paru étonné qu’ils se comportent comme ça avec moi. Du coup j’ai tout envoyé chier. J’ai arrêté toutes mes activités de bénévole. J’ai commencé à chercher un appartement à Lyon. Quelle galère ! Chaque fois que je tombais sur une annonce il y avait au moins 10 personnes dessus sans compter les fois ou l’annonce à peine parue l’appartement était déjà loué. C’est en septembre que j’ai trouvé l’appartement ou je vis aujourd’hui. Le bail démarrait en novembre j’avais donc encore deux mois à tenir. J’ai eu de la chance mais j’ai du faire des compromis. L’appartement est plus petit que celui que j’avais à Orliénas et tous mes meubles ne rentraient pas. J’ai gardé un grand canapé qui prend presque toute la place. Mais bon j’ai un appartement, je paie mon loyer et je me suis fais à ce nouvel environnement. Alors oui, ce n’est pas le 1er arrondissement de Lyon il y a moins de passage mais je ne suis pas si loin que cela du centre ville. Et puis j’ai un garage ou je peux stationner ma voiture sans devoir tourner pendant des heures comme quand j’étais place croix paquet ! Au mois de novembre ça fera 6 ans que je suis revenu à Lyon. Et je ne n’ai pas rechuté. Pourtant c’était pas l’avis de mes amis Cédric et Florian. Ils craignaient que je recommence mes conneries. Mais non ! J’avais déjà entamé ma thérapie avec le CLPA de Lyon (centre lyonnais de psychiatrie ambulatoire) un hôpital de jour pour les dingos comme moi. La veille de ma première journée, le mardi soir donc j’étais allé chez un mec qui s’appelait Samir. Quel baltringue celui là ! Faut croire que je les attire. Donc Samir plutôt pas mal mais avec un bracelet électronique au pied ! Ce n’était pas la première fois que je le voyais. Et comme à l’époque je niquais pas mal et ben j’avais chopé la syphilis. Il a fallu que je le dise à Samir. Je l’ai appelé pour l’avertir mais il a absolument voulu que j’aille le voir. On a niqué une partie de la nuit et bu pas mal de bières. En plus de la 8.6 donc costaud. On nique toute la nuit et au petit matin je m’étais assoupi. Il en a profité pour me voler ma carte d’identité et mes cartes de crédit. Quand je m’en suis rendu compte j’ai commencé à paniquer. Je lui ai demandé de me redonner mes papiers mais il ne voulait pas. J’étais dans le stress le plus total et je ne maitrisais plus rien. On a commencé à se battre et je me revois lui taper dessus avec mon téléphone portable dont le rebord était en métal. Il était légèrement blessé à la tête. Je suis allé dans la cuisine et j’ai attrapé une broche à poulet ! Lui a alors pris un couteau et là je voyais le drame arriver. Je me suis mis à chercher mes papiers mais comme je ne les trouvais pas par dépit j’ai appelé la police pour leur expliquer que j’étais avec un gars qu’on avait pas mal picolé et qu’il m’avait volé mes papiers. Comme il a vu que j’étais déterminé il a fini par me rendre mes papiers. Autant vous dire que je n’ai pas demandé mon reste je me suis précipité dehors et j’ai descendu les escaliers quatre à quatre. J’ai rejoints ma voiture et suis parti en trombes de chez lui. Je suis arrivé au CLPA dans un état épouvantable. J’étais choqué et j’ai passé ma première journée au CLPA dans la hantise de ce qu’il venait de m’arriver ! C’est comme ça que j’ai démarré mes séances de thérapie cognitive et comportementale ! Je m’en souviendrai toute ma vie je crois.

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