Borderline : un éternel recommencement

Il y a quelques mois je pensais être enfin tranquille et stabilisé. Mais cette putain de maladie m’a vite fait comprendre qu’elle me lâcherait jamais. J’ai 51 ans et ça fait plus de 35 ans qu’elle me poursuit. Je ne serai jamais en paix. Je serai tout le temps tourmenté par cette maladie mentale. Etre borderline c’est H24 7/7. Il y a des hauts et des bas. Mais à chaque fois c’est dans l’exagération que ça se produit. Je ne suis jamais tranquille et je sais qu’elle ne me laissera jamais en paix. Il me reste 10 ans avant d’être mis à la retraite et vous vous imaginez pas ce que ça veut dire pour moi. C’est dans 10 ans mais pour moi c’est demain. Et j’angoisse déjà à l’idée de me retrouver avec une retraite d’à peine mille euros par mois. C’est le scénario catastrophe qui ne cesse de me hanter. Quand je regarde ma vie professionnelle je vois des morceaux d’expériences saucissonnés par des périodes de chômage ou d’arrêts maladie.

Plus le temps passe et plus j’angoisse de connaitre des lendemains difficiles. Déjà que je m’en sors à peine aujourd’hui. Il faut dire que je ne suis pas très raisonnable niveau dépenses. Je n’ai jamais su gérer un budget. Il aurait fallu qu’on me mette sous curatelle depuis bien longtemps. J’ai bien tenté de le faire en 2014 mais l’expérience fut un désastre. Elle n’aura duré que quelques mois mais quel enfer! Devoir dépendre d’un tiers pour avoir accès à MON argent ! Et dire que le curateur qu’on m’avait donné se prenait 200 euros chaque mois sur mon dos et que moi je vivais comme un malheureux. Plutôt crever que de refaire cette expérience traumatisante. Pour l’heure j’arrive à m’en sortir mais il faut que je me calme au niveau des dépenses car je risque fort de me retrouver dans la merde dans pas longtemps. C’est plus fort que moi. L’argent me brûle les doigts. Je suis incapable d’épargner. A 51 ans je n’ai rien. Je ne suis pas propriétaire de mon appartement. Je n’ai pas d’économies. Je n’y ai jamais pensé ou alors dès que j’arrivais à mettre un peu d’argent de côté je le dépensais de l’autre. Je continue de vivre dans l’insouciance persuadé que je m’en sortirai quoiqu’il arrive. C’est un éternel recommencement. Un peu comme les deux plans de surendettement par lesquels je suis déjà passé et qui auraient du me servir d’exemple. Non ça ne peut pas continuer comme ainsi. J’ai toujours vécu dans l’insouciance. A tous les niveaux y compris côté sexe. Quand je suis arrivé à Lyon en 1990 je me suis lâché. J’ai rencontré Alexandre qui m’a fait connaître le poppers et qui me baisait sans capote. Ca n’a jamais été un problème pour moi les plans no capotes. J’en raffolais tout en sachant que je me mettais en danger. Je me suis toujours mis en danger. J’ai toujours eu ce côté autodestructeur. Je l’avais déjà adolescent et il n’a fait qu’empirer avec le temps. J’ai toujours détruit ce que je mettais des années à construire. A 21 ans je vivais dans l’insouciance totale. Je savais au fond de moi que je finirai bien par l’attraper ce putain de virus. Cela fait 26 ans qu’on vit ensemble. Et le pire c’est que si je devais refaire ma vie je la referai pareil. Même si elle m’a rendu malheureux j’ai tenté de faire de mon mieux. Je ne suis pas parti dans les meilleures conditions mais on est sensé être maître de son destin non ? Moi mon destin c’était de détruire ce que je construisais. J’ai vécu des années d’insouciance. Des années de fêtes et d’afters sans limites. J’ai été contraint d’y mettre un terme en mars 2014 quand j’ai du quitter mon appartement de la place croix paquet. Il s’en est passé des choses dans cet appart. Des bonnes et des tragiques. C’est là bas que j’ai rencontré Michel avec qui je suis resté de 2003 à 2008. Et puis après c’est parti en live. J’ai fait un peu n’importe quoi jusqu’à ma tentative de suicide d’avril 2011. A l’époque je travaillais chez mutuelle existence et je peux vous dire que j’en ai chié ! J’avais une équipe de bras cassés. Le pire c’est que le monde le savait au sein de l’entreprise mais que personne ne m’aidait. C’était un poste difficile et je n’avais pas l’envergure pour gérer la situation qui me dépassait. Ni moi ni mon ancien N+1 qui s’est suicidé quelques années après mon départ. A croire que lui aussi n’a pas pu résister à la pression.

En 2024 ça fera 10 ans que je suis en invalidité. Des fois je pense à retravailler mais mon psy s’y oppose et il me connait bien mieux que moi. C’est lui qui m’a récupéré à la petite cuillère en septembre dernier quand j’avais une fois de plus trop tiré sur la corde. Non décidément le monde professionnel n’est plus fait pour moi. Je suis devenu trop fragile. Tout ce que je voudrais désormais c’est qu’on me fiche la paix. J’ai envie de profiter des 10 prochaines années dans la sérénité. 10 ans c’est encore loin et il peut se passer des tas de choses.

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