Assumer son homosexualité.

J’ai passé une mauvaise journée. Je n’arrête pas de penser à Aurélien qui m’a bloqué sur « gayroméo » une application de rencontre pour gay. Je lui avais proposé de se voir hier vendredi car j’avais un rendez-vous à Givors. Mais jeudi il a trouvé une nouvelle excuse pour me dire qu’il ne serait pas dispo. Je lui ai envoyé un message du genre  » ben quand tu seras dispo fais signe passe une bonne soirée » et j’ai voulu le bloquer mais il l’a fait avant. Tout à l’heure en allant sur Facebook je suis tombé sur son profil. Je ne devrais pas me prendre la tête pour un simple plan cul mais voilà c’est plus fort que moi. Il y a tellement longtemps que je n’avais pas passé un si bon moment ! En outre je n’ai pas la tête au sexe depuis mon dernier plan foireux de dimanche dernier ou je n’ai pas réussi à bander. Je n’ai pas arrêté d’y penser toute la semaine. Tout cela m’a contrarié. Il m’en faut peu. Et puis il y a les week-ends ou je n’ai rien à faire et ou je me fais chier comme un rat mort. J’ai quand même réussi à ranger ma vaisselle qui séchait depuis au moins 15 jours ! Et j’ai lavé 3 assiettes qui trainaient dans mon évier depuis une bonne semaine. Moi qui était maniaque avant j’avoue que depuis que je suis revenu à Lyon en 2015 je me laisse un peu aller question ménage. Je n’ai plus la motivation. Plus l’énergie. J’ai passé l’après midi sur les applications gay mais personne ne m’a parlé. Je ne sais plus ce qu’il faut que je fasse. Est ce que c’est parce que j’ai 50 ans ? Ou alors parce que j’écris que je cherche un plan « nokpote » (plan sans capote) mais personne ne me parle. Je vis très mal cette situation et quand j’arrive à tomber sur un mec motivé c’est moi qui n’assure pas. Je sens que la baisse du RISPERDAL me rend plus facilement irritable. Demain je vais déjeuner chez Florian et Cédric et après on doit aller à une « gay party » l’après midi. Je pense que ça me fera du bien et ça me changera les idées car depuis 3 semaines je déguste. Il y a eu la « séparation » avec Jérôme qui me permettait de ne pas être seul le week-end. Et puis il y a eu le phénomène Aurélien. Depuis que je l’ai vu il n’y a pas un jour sans que je pense à lui. Je fais une fixation sur lui.

Je traine sur les sites internet mais je ne suis même pas excité. Je ne me suis pas branlé de la semaine. Je n’avais pas envie. Bon allez je vais prendre mes médicaments pour dormir et après j’irai me coucher. Je n’ai envie de rien ce soir. Je me suis déconnecté des sites gay. Ce n’est pas aujourd’hui que je trouverai un plan. Je déteste les week-ends.

Dimanche matin. Il est 8 heures je suis déjà debout. Aujourd’hui je vais déjeuner chez Cédric et Florian et après on doit aller à une « gay party ». Mais je suis peu motivé. Il pleut et il fait frais. Je ne sais pas si j’irai. Et puis voir toutes ces pintades tout ce que je déteste tout ce que j’ai fui en 2014 ne me dit rien. Je ne me sens pas à l’aise. Ce n’est pas mon monde. Je ne me sens pas gay. J’assume mal mon homosexualité et ça ne date pas d’hier. Quand j’avais 16 ans il m’est arrivé un truc bizarre. C’était durant l’été 1986. J’étais à la bibliothèque de Chalon sur Saône. J’y passais mes journées. Je faisais des recherches pour un concours. J’étais dans les rayons à chercher un livre quand soudain un mec musclé en short nylon et tee-shirt qui laissait dessiner de beaux pecs s’est approché de moi. J’étais debout et lui s’est accroupi à côté de moi. Il a fait semblant de chercher un livre et en a profité pour m’érafler le sexe avec son avant bras. Mon sang n’a fait qu’un tour. Il m’a proposé qu’on aille sur la mezzanine, au calme. On s’est assis sur un canapé. Il a pris une BD et la posée entre ses cuisses tout en sortant son énorme bite. J’étais dans tous mes états. J’étais prêt à lui sauter dessus et à le sucer. Mais ça craignait trop. Du coup il m’a proposé de sortir de la bibliothèque et on est allé dans les toilettes publiques qui étaient juste sous le porche d’entrée. On s’est enfermés dans un chiotte. Il a sorti sa grosse bite et moi la mienne. On s’est sucé brièvement. J’étais grave excité. Il ne m’a fallu pas longtemps pour éjaculer. Quand j’ai eu terminé mon affaire j’ai repoussé le mec et je suis parti en courant. J’ai rejoins mon vélo et je suis reparti tout émoustillé par ce qu’il venait de m’arriver. Au passage j’ai croisé le mec dans la rue. Je pédalais très vite. J’étais à la fois excité par ce qu’il venait de se passer mais honteux et coupable d’avoir fait quelque chose de mal. Pour rentrer chez mes parents je devais passer devant le commissariat de police. Et là je ne sais pas ce qui m’a pris. Je me suis arrêté, j’ai attaché mon vélo. Je suis rentré dans l’hôtel de police en pleurant et j’ai dis qu’on venait de m’agresser. J’ai été pris en charge par un inspecteur. Il m’a demandé de lui décrire les faits. Je lui ai dis que j’avais été abordé par un type à la sortie de la bibliothèque et qu’il avait un couteau. Il m’a obligé à le suivre dans les toilettes et à lui faire des trucs. Il a pris ma déposition mais comme je n’étais pas majeur (j’avais 16 ans) il fallait que ma mère vienne signer la plainte. Je suis rentré chez moi. J’étais dans tous mes états. Un avis de recherche avait été lancé à destination de toutes les patrouilles. J’avais donné une description assez précise du mec. Mes parents sont arrivés de courses. Je suis descendu les rejoindre et je leur ai dis ce qu’il s’était passé. Qu’ils devaient venir signer la plainte au commissariat. Ce fut une formalité. Et je suis rentré à la maison. Je me souviens avoir passé une très mauvaise nuit car si le type était retrouvé il risquait les assises. Rien que cela. Les semaines ont passé et vers la fin du mois d’août ma mère et moi avons été convoqués par l’inspecteur chargé de mon enquête. Il m’a fait rentré tout seul dans son bureau et là il m’est tombé dessus. Il m’a dit qu’il s’était rendu sur place. Qu’il avait étudié les lieux et qu’il pensait que je lui avait raconté des conneries. Je ne savais plus quoi dire. Il m’a mis la pression et c’est à ce moment que j’ai craqué. Je lui ai dis ce qui c’était vraiment passé. Il m’ a dit que j’avais été inconscient. Que si le mec avait été attrapé il aurait risqué gros. Il m’a passé un savon. Il m’a demandé si j’étais homo. Je lui ai dis que non, que j’avais plein de copines et que je n’étais pas homo. Je pleurais tellement j’avais la frousse. Puis il a fait rentrer ma mère dans son bureau. Je n’étais pas fier de moi. Il lui a expliqué que, deux mois après les faits il y avait peu d’espoir de retrouver le mec. Il a proposé à ma mère de classer la plainte sans suite. J’ai insisté auprès de ma mère pour qu’elle signe ses fichus papiers et qu’on s’en aille. Avant de partir l’inspecteur m’a dit de ne pas oublier notre discussion. Je n’ai pas demandé mon reste et on est partis me mère et moi. J’étais soulagé que les choses se terminent ainsi mais j’ai eu la frousse de ma vie.

Je ne me suis jamais aimé et j’ai toujours eu honte d’être un homo. Pour moi c’est une malédiction qui m’est tombée dessus et ce depuis mon plus jeune âge. Déjà vers mes 10 ans je regardais plus les garçons que les filles. Mais quant à m’assumer il y a un gouffre. Je n’aime pas mon corps. Je n’ai jamais aimé mon corps. Quand j’étais au collège ça allait encore. J’allais aux cours de gym sans difficultés. Mais dès que j’ai intégré le lycée ce fut une autre histoire. Me retrouver dans les vestiaires avec des mecs qui se foutaient à poil pour se changer s’en était trop pour moi. J’étais bouleversé. C’est à partir de cette époque que j’ai commencé à me replier sur moi même. A l’heure ou la plupart de mes camarades commençaient à sortir avec des filles moi je me cachais. Je ne sortais pas. J’évitais les autres et je faisais des pieds et des mains pour me faire dispenser des cours de sport. J’étais bon dans les autres matières mais le sport c’était non ! Je n’ai eu que très peu d’amis. On peut dire que j’étais « coincé ». Je n’étais pas dégourdi. En rien. J’ai eu mon permis au bout de la 4ème fois. Je n’y comprenais rien aux rapports de vitesse. Je calais en 3ème quand je devais tourner. Quand on me disait de tourner à gauche je tournais à droite. Une fois l’examinateur nous a fait monter dans la voiture avec une autre candidate et le moniteur de l’auto école. La candidate est passée avant moi. L’examinateur n’arrêtait pas de hurler sur elle. Ca me stressait énormément. Alors ce fut plus fort que moi. J’ai réagis et j’ai dis à l’examinateur qu’il me stressait et que ce n’était pas comme ça qu’on pouvait être serein. Du coup il m’a fait prendre le volant. Ce fut une catastrophe. Je n’arrivais pas à passer la 3ème. Du coup j’ai calé plusieurs fois. Ce fut un massacre. Je n’ai pas eu mon permis mais l’autre candidate oui. Ca m’apprendra à ouvrir ma grande gueule !

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