Une vie en dent de scie

Il m’aura fallu attendre la moitié de ma vie pour sortir de mon trouble borderline. J’ai vu récemment une vidéo qui parlait de ce trouble et qui est assez intéressante pour définir ce qu’est cette foutue maladie. Je vous la propose ci après.

Aujourd’hui on connait un peu mieux cette maladie. Mais ça n’a pas été tout le temps le cas. Moi ça a commencé à mon adolescence. Quand on tape borderline dans Google on obtient la réponse suivante : “le trouble de la personnalité borderline (TPB), ou trouble de la personnalité limite (TPL), est un trouble de la personnalité caractérisé par une impulsivité majeure et une instabilité marquée des émotions, des relations interpersonnelles et de l’image de soi”. C’est assez exact. Je rajouterai une mise en danger avec des pratiques à risques : avoir des pratiques sexuelles à risques, faire des tentatives de suicide à répétitions et prendre des toxiques. C’est aussi être capable de passer d’un état tranquille à une colère noire sans pouvoir se retenir. Il n’y a pas si longtemps que l’on parle du trouble borderline dans les médias. Moi il m’aura fallu beaucoup de temps avant que je trouve le bon psychiatre qui a réussi à mettre des mots sur mes maux. Aujourd’hui je peux dire que je suis stabilisé. Je me sens plus tranquille, moins tourmenté.

Mais cette maladie m’a littéralement pourrie la vie. Ma vie personnelle en coupant les ponts avec le peu d’amis que j’ai pu avoir dans ma vie. Y compris dans ma vie sexuelle. Aujourd’hui je suis seul. Je n’ai que quelques rares amis qui me sont restés fidèles malgré mon comportement passé. Et puis il y a ma vie professionnelle que j’ai gâchée. Certes aujourd’hui je ne travaille plus depuis ma mise en invalidité mais quand je regarde mon parcours professionnel je vois beaucoup de petites expériences entrecoupées de périodes d’arrêts maladie fréquents. J’ai deux grandes périodes de stabilité : de 1994 à 1999 et de 2002 à 2008. Durant ces deux périodes j’étais serein. J’ai réussi à “vivre” à peu près normalement. Mais la maladie a été plus forte et le “méchant” David n’a pu s’abstenir de tout casser. Aujourd’hui je n’ai plus de carrière à faire. Depuis 2014 on m’a mis dans une impasse et je ne crois pas que j’en sortirai. Depuis 2014 j’ai aussi trouvé une sagesse financière. Alors que durant toute ma vie (et cela a commencé dès mes seize ans avec la société générale) j’ai vécu à découvert, j’ai connu deux plans de surendettement et des fichages à la banque de France pour chèques impayés ou usage abusif de ma carte bancaire ce n’est qu’à partir de 2014 que j’ai commencé à sortir de cette spirale infernale. Aujourd’hui je ne reçois plus d’appel ou de mail chaque matin de la part de mon banquier pour me demander comment je vais faire pour résorber mon découvert.

J’ai commencé à épargner pour ma retraite en 2032. Il me reste 12 ans pour tenter de me constituer une épargne car j’ai fait des simulations de calculs pour estimer le montant de ma retraite et ça ne sera pas fameux. Oui vraiment le temps de l’insouciance est révolu. J’ai appris à gérer mon budget. A définir mon reste à vivre et à faire avec. Lorsqu’en 2014 j’ai déposé mon second plan de surendettement à la banque de France je devais 17.000 euros. J’avais surtout un gros découvert à la banque. Je devais de l’argent aux impôts et j’ai continué de payer pour une voiture que j’avais rendue et dont je n’ai jamais profité. La descente aux enfers à commencé en 2012 ou, pour une raison complètement folle, j’ai décidé de me remettre à travailler après mon burn-out de 2011. Ce ne fut pas la meilleure idée que j’ai eue. Alors que j’aurai pu toucher 2.800 euros de pensions d’invalidité j’ai eu la superbe idée de me mettre en danger. Je ne suis resté que 15 jours à peine dans cette boite. Je n’étais pas prêt à reprendre une activité pro. Mais c’était plus fort que moi. Je voulais retravailler. Je me suis précipité encore une fois. Et je me suis mis tout seul dans la merde quand j’ai eu la bonne idée de démissionner durant ma période d’essai; Ce que je ne savais pas c’est que quand tu démissionnes de ta période d’essai et ben pôle emploi ne te verse rien ! Et donc je me suis retrouvé sans revenus. Je devais absolument retrouver du travail mais voilà je m’étais grillé sur le marché lyonnais. J’ai envoyé des dizaines de candidatures mais rien ne s’est concrétisé. Mon salut est venu d’un ancien collègue qui avait travaillé dans la même boite que moi et qui, comme moi, était parti avec pertes et fracas. Bref, en juin 2012 j’ai retrouvé un poste dans une société d’expertise d’assurés. Malheureusement je n’étais pas prêt et surtout je me suis retrouvé à devoir gérer des commerciaux qui étaient mes concurrents. Ils ne m’ont pas ménagés. J’ai vécu l’enfer durant 3 mois. Jusqu’en septembre. Mon collègue de Nantes qui était à l’origine du projet s’est fait doubler par les experts comptables avec qui il avait lancé le projet. Il est tombé sur un os et par effet domino je me suis fait virer comme lui à la fin de ma période d’essai de 3 mois. Il me fallait 90 jours de travail pour pouvoir toucher les indemnités chômage et je me revois compter mes jours au comptoir de pôle emploi pour arriver à 90 jours de travail. J’étais soulagé j’allais enfin être indemnisé pendant un an. Mais un an c’est peu et le temps a passé vite. Aucune de mes recherches d’emploi sur Lyon n’a abouti. J’étais désespéré. En août 2013 j’ai accepté de prendre un CDD pour une boite qui distribuait des contrats de formation pour les collaborateurs d’agents généraux d’assurance. C’était un CDD de 4 mois payé 1300 euros bien loin des 2800 que je touchais quand je bossais pour la mutuelle ou j’ai fait mon burn-out et loin des 2.000 euros que je touchais au chômage. En octobre 2013, après avoir été embauché je devais passer la visite médicale d’embauche. Et là je ne sais pas pourquoi je me suis fait déclarer inapte. La conséquence a été immédiate. Le centre de formation qui m’a embauché ne pouvait pas valider mon CDD et je me suis retrouvé sans revenus à nouveau. En parallèle le centre de formation a perdu le marché et c’est une autre boite qui l’a remporté à partir de janvier 2014. J’ai tenté ma chance et j’ai réussi à me faire embaucher en CDI par cette nouvelle boite. Les choses semblaient s’arranger enfin. C’était sans compter sur la pingrerie de mon nouvel employeur. C’est ainsi qu’en janvier 2014 j’ai touché mon premier salaire de 1234 euros nets. C’était du foutage de gueule. En octobre 2013 j’avais réussi à décrocher un autre CDD dans un cabinet d’huissiers de justice ou je faisais du recouvrement de créances. Ma foi ce ne fut pas plus compliqué que lorsque je bossais pour la boîte d’experts d’assurés ou je devais démarcher dans le dur des personnes victimes d’un sinistre (incendie, catastrophe naturelle entre autre). J’ai fait ça pendant 3 mois en parallèle de mon job dans la boite de formation. Malheureusement les deux salaires ne suffisaient pas pour me sortir de mes soucis. En 5 mois de présence j’ai ramené plus de 150.000 euros de chiffre d’affaires à mon nouvel employeur. Mais le salaire ne suivait pas. En avril 2014 je me suis à nouveau retrouvé avec un salaire de 1200 euros alors que je venais de prendre un appartement à la campagne. L’année 2014 a été difficile car après 12 années passées à vivre dans le 1er arrondissement de Lyon j’ai du me résoudre à quitter mon appartement car je n’avais plus les moyens de payer le loyer. Encore une insouciance de ma part car si j’avais bien géré mon argent je serai encore probablement dans cet appartement.

Mais au final c’était un bien pour un mal. En avril 2014 face à la situation catastrophique dans laquelle je me trouvais j’ai pété un câble. Je me suis rebellé. J’ai été licencié pour insubordination mais j’en avais plus rien à foutre. C’est là que mon psychiatre le docteur Porta m’a convaincu de demander à être mis en invalidité. C’était la fin de ma carrière professionnelle.

J’ai rencontré le médecin conseil de la sécurité sociale en juin 2014 et face à mon état elle m’a mis d’office en invalidité de seconde catégorie. En juillet j’ai déposé mon dossier de surendettement à la banque de France. Mes relations tumultueuses avec mon ancien employeur ne se sont pas terminées pour autant avec mon licenciement. J’en ai retiré une satisfaction. En général pour pouvoir bénéficier d’un maintien de salaire en arrêt maladie il faut avoir un an de présence dans l’entreprise. Mais pour les organismes de formation ce délai n’est que de quatre mois. Ce fut long et laborieux mais j’ai réussi à faire valider mon dossier. Ainsi depuis 2014 je perçois deux pensions d’invalidité : l’une de la sécurité sociale et l’autre d’un organisme de protection sociale. Certes c’est moins que lorsque j’étais en arrêt de travail suite à mon burn-out mais ça me permet de vivre correctement. En novembre 2014 je n’étais pas pour autant sorti de mes ennuis. La banque de France m’a accordé un moratoire de deux ans car mon dossier de demande de pension d’invalidité a été très long à traiter. J’étais épuisé et je n’en pouvais plus. Il me fallait me reposer physiquement et intellectuellement. C’est dans cet état d’esprit que j’ai fait ma demande de mise sous curatelle. Ce que je ne pouvais plus gérer un autre allait le gérer à ma place. La juge des tutelles m’a répondu assez rapidement et a nommé un mandataire judiciaire à la protection des majeurs. Ce dernier a pris contact avec moi assez rapidement également. Il est venu à la maison et a pris la main sur ma vie. Le plus dur pour moi ce fut les finances. J’ai toujours “géré” mes finances tout seul. J’ai mis le mot “géré” entre guillemets car je ne gérai rien en fait. Il a monté mon budget et me donnais de l’argent pour subvenir à mes besoins. Ce que je ne savais pas c’est qu’il se rémunérait 200 euros par mois sur mes pensions. Moi je galérai et lui s’en foutais plein les poches. J’étais devenu son meilleur “client”. Le problème c’est que les choses ne se sont pas bien passées entre nous. En février 2015 j’ai refait une tentative de suicide en prenant des médicaments. C’était plus un appel à l’aide qu’autre chose. Je lui avais envoyé un mail dans lequel je lui demandais d’apprendre la triste nouvelle à ma famille. Mais bon je m’en suis (encore) sorti et me suis retrouvé à l’hôpital Lyon Sud. Là bas ils voulaient me garder plusieurs jours mais j’avais à l’époque des animaux et je ne pouvais pas les abandonner. Mes relations avec mon curateur n’étaient pas bonnes. Il prenait beaucoup de temps à faire ce que je lui demandais et faisais souvent des erreurs. Cette reprise en main de ma propre vie fut difficile à vivre pour moi. Je ne gérais plus rien. En avril 2015 j’ai été convoqué par la juge des tutelles pour valider la mesure de curatelle. La veille mon curateur m’avait envoyé un assez long message m’expliquant que ma tentative de suicide du mois de février l’avait ébranlé et qu’il ne souhaitait plus s’occuper de moi. Ca tombait bien car de mon côté j’avais décidé de reprendre la gestion de ma vie. Je me suis donc retracté dans le bureau de la juge et elle a levé la mesure. Etant donné que c’est moi qui en avait fait la demande j’ai pu demander à y mettre un terme. J’étais soulagé et l’avenir m’a montré que j’ai eu raison de faire ce choix. Finalement j’ai géré mes finances et mon plan de surendettement. En novembre 2015 je suis revenu à Lyon après avoir passé 18 mois à 25 kilomètres de Lyon au vert. Ce fut sans doute la meilleure décision que j’ai eu à prendre. En quittant Lyon en 2014 j’ai définitivement tourné le dos à mes errances et excès. Certes je n’oublierai jamais ces 18 mois tellement ils furent difficiles. Mais j’étais loin des tentations. Loin de tout.

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