Hier je vous ai parlé de la fin prochaine du dosage du RISPERDAL 50mg. Mais pourquoi ai-je eu besoin de prendre ce médicament ? Voici quelques explications. Je m’appelle David et j’ai eu 50 ans il y a quelques mois. Depuis 2014 je ne travaille plus j’ai été mis en invalidité par la sécurité sociale car j’étais arrivé au bout du chemin et que si je n’avais pas repris ma vie en main je pense que je ne serai plus là pour témoigner. Témoigner c’est bien le but de ce site. Vous donner de mes nouvelles chaque jour de comment je vais. Mes hauts et mes bas. Pour l’heure c’est plutôt en haut alors je profite. J’ai vécu 2 vies. De 16 à 44 ans j’ai été insouciant. A 26 ans j’ai été contaminé par le VIH. Je vis avec le VIH depuis 25 ans et je me porte bien. Mes bilans sont bons et pourtant je reviens de loin car en 1996 l’espoir était mince. Mon espérance de vie ne dépassait pas 10 ans. Mais en 1997 les trithérapies sont arrivées sur le marché et elles m’ont sauvé la vie. Je vis avec le VIH 24/24 et 7/7 et je le vis bien. Ce ne fut pas toujours le cas mais aujourd’hui je suis bien dans mes baskets.
Depuis 1999 j’ai commencé à aller voir des psychiatres pour soigner une dépression. Enfin c’est ce que je croyais. Mais le mal était bien plus profond. Derrière la dépression se cachait un mal plus vicieux : la bipolarité et surtout un état limite : borderline. C’est le Docteur Stéphane PORTA qui a réussi à trouver un remède contre cette maladie et ce remède passait par le RISPERDAL. Je ne l’ai pas eu tout de suite. J’ai rencontré le Docteur PORTA en 2008 et j’ai été mis sous RISPERDAL en 2015. Entre temps j’ai continué de survivre entre crises d’angoisse et crise d’impulsivité. J’étais ingérable. Mes expériences professionnelles ne duraient pas très longtemps. D’ailleurs quand je regarde derrière moi je ne peux que faire le constat d’un énorme gâchis. Si je n’avais pas eu cette maladie je serai sans doute à un poste important, je gagnerai bien ma vie et je serai propriétaire de mon appartement. Mais chaque fois que je construisais quelque chose c’était plus fort que moi. Il fallait que je casse mes jouets. Que je dévaste tout ce que j’avais accompli. C’était la politique de la terre brûlée. J’étais incapable de rester stable. Mes crises d’impulsivité étaient quotidiennes. A l’époque je fréquentais le milieu de la nuit et je me droguais. Des drogues dures. De la cocaïne, du GHB, du speed, de la MEC4. Je faisais des afters démentiels ou je recevais chez moi des gens que je ne connaissais pas. Je mettais la musique à fond. Les dimanches c’était la défonce et après les orgies. Jusqu’en 2013 je faisais la fête mais une fois passé le temps de l’insouciance il fallait que j’assume le reste du temps. Et je peux vous dire que c’était dur. J’ai beaucoup fait la fête et ça a commencé tôt. Ca a commencé avec Patrick à Nîmes, mon premier petit copain. C’est lui qui m’a fait découvrir la drogue et notamment les l’ecstasys. Ca a commencé comme ça. Et puis après il y a eu Michel, DJ à ses heures perdues avec qui j’ai vécu de 2003 à 2008. C’était la débauche totale. On se faisait des virées à Paris avec la bande des “vieilles sacoches”. On partait le samedi en voiture à Paris et on redescendait (dans tous les sens du terme) le lundi. Le samedi on avait un rituel. D’abord l’après midi on faisait les magasins pour se trouver la plus belle parure pour aller danser. Je claquais mon fric sans compter. J’étais à découvert continuellement. Après le samedi soir c’était petit restaurant. Avant de démarrer les hostilités. On commençait par le Queen sur les Champs-Elysées jusqu’à 6 heures du matin. Ensuite c’était l’Under, en face du Queen, au club 79. Là c’était démentiel. La musique était top et la drogue coulait à flots. A la fin d’Under vers midi on partait en after à “Confessions” au Gibus jusqu’à 16h. Ensuite on allait se reposer un peu pour mieux repartir se finir à la “Follow me” jusqu’à 19h. On reprenait quelques forces au mac do et on se terminait au Queen jusqu’à 7h le lundi matin. Je vous raconte même pas dans quel état on rentrait à Lyon. Les “vieilles sacoches” c’était un groupe d’amis. Il y avait Thierry dit Tigrou, Valérie, Véronique, Michel mon copain, Willy, Mickaël et moi.
De toutes ces personnes je n’ai gardé des liens qu’avec Valérie et Michel. Les autres ont disparu de ma vie. Je les ai effacés de ma mémoire. Tout comme on m’a vite effacé des nuits lyonnaises, quand je ne trouvais plus de plaisir à sortir. Et puis il fallait faire des choix. En 2011 j’ai fait un burn-out ou je me suis retrouvé en réanimation pendant 2 jours après avoir absorbé des médicaments. C’est vrai qu’à l’époque ma vie professionnelle était stressante. J’étais directeur du service collectif dans une mutuelle et je devais gérer une vingtaine de personnes. J’ai commencé ce poste en novembre 2009 persuadé que ça allait être le job de ma vie. Mais voilà mon caractère entier n’a pas fait bon ménage avec le rôle de manager que je me devais de tenir. Entre la fête le week-end et mon boulot la semaine c’était explosif. Tellement explosif qu’en avril 2010 je me suis retrouvé accusé de harcèlement moral ! Ce fut un choc. Une remise en cause de mes certitudes. Je passais du rôle de cadre modèle à celui de cadre harceleur. J’ai eu droit à des enquêtes du comité d’entreprise, du CHSCT et de l’inspection du travail. Rien que cela ! On m’a prié de prendre des vacances et j’ai chuté de mon piédestal. L’enquête aboutira à une remise en cause de la forme de mes propos face à mon équipe. Et dire que cette accusation est venue de la part d’une assistante commerciale qui n’en n’était pas à première plainte envers ses précédents managers et surtout que je n’avais vu que 3 à 4 fois en réunion d’équipe. Il faut dire qu’en acceptant ce poste de manager je n’aurai jamais imaginé me retrouver dans une équipe aussi merdique. Moi je suis arrivé avec mes certitudes et j’en suis sorti en me retrouvant à l’hôpital. Je ne comptais pas mes heures de travail. Il n’était pas rare que je sois le dernier à partir le soir après 21 heures. J’étais à fond dans mon poste. J’avais même hérité d’un poste de commercial en remplacement de celui de Montpellier dont la conseillère venait de démissionner. La fin de l’année 2010 a été cauchemardesque. J’étais à 200% de mes capacités. Mais début 2011 ce fut le choc. Je n’arrivais plus à me motiver pour aller au boulot. Je me tapais jusqu’à 28 mecs par semaine. Je ne pensais qu’au sexe. Je n’avais plus aucune motivation. L’envie n’était plus là. La moindre tâche me fatiguais énormément. J’étais à l’arrêt et pendant que je me tapais des mecs à gogo je ne me rendais pas compte que je sombrais d’un point de vue professionnel. Aujourd’hui quand je prends du recul tout ce qui m’arrivait était une évidence : j’allais droit dans le mur. J’ai craqué un mercredi soir du mois d’avril 2011. J’étais allé voir mon médecin pour qu’il me mette en arrêt maladie dès vendredi. Je n’avais qu’un seul jour à faire. Un seul jour à tenir mais voilà ce mercredi là, à nouveau j’ai été accusé de harcèlement de la part d’un commercial que j’avais recadré. J’ai immédiatement été blanchi et il a été licencié mais moi j’étais déchiqueté. Je me suis retrouvé à l’hôpital pendant quelques jours puis interné en maison de repos durant une semaine. Je ne comprenais pas ce qui m’était arrivé. Je voulais reprendre mon travail au plus vite. La tempête était passée. Une nouvelle fois j’en étais réchappé une fois de plus. J’étais dans le déni le plus total. J’avais explosé en plein vol.