Désormais je vis (presque) une vie normale

Voilà c’est donc fait j’ai vaincu cette putain de maladie mentale du moins si je ne l’ai pas tuée (elle restera pour toujours en moi) je l’ai considérablement diminuée. Le changement de psychiatre au début de cette année année m’a été salvateur. Je suis passé d’un psychiatre qui me « soignait » à grands coups de médicaments à un psychiatre qui a réduit drastiquement le recours aux anxiolytiques. Résultat je me sens comme libéré d’une peau qui me collait notamment à cause du Xanax que je prenais à fortes doses. J’ai trouvé grâce au Docteur Hugo Turbé un nouveau souffle dans ma vie. Il a une approche très humaine me faisant faire régulièrement des examens biologiques pour déterminer l’impact des traitements qu’il me reste à prendre. On s’est attaqué à une baisse des médicaments. Je suis passé d’une ordonnance qui faisait au moins une page à une ordonnance de 5 lignes grand maximum. On s’est aussi attaqué à mon sommeil. Exit le Tercian. Diminution du Zopiclone. Arrêt du Xéroquel 300mg à effet prolongé pour passer au Xéroquel 150mg à libération immédiate. Apport du Tardyferon pour traiter une carence en fer qui me donnait la sensation des « jambes folles » qui bougeaient toutes seules au moment de m’endormir. Bref c’est une approche révolutionnaire que j’ai vécue grâce à mon nouveau psychiatre. Je n’aurai jamais imaginé que j’aurai pu avoir autant d’effets positifs en diminuant ma prise quotidienne de médicaments.

Reste le sort du Risperdal. La première fois que j’au vu le Docteur Turbé il a été étonné que je sois soigné avec du Risperdal en injection intra musculaire tous les 15 jours. On en a discuté et il m’a dit qu’il existait des alternatives. D’autres médicaments. Mais pour le moment je ne souhaite pas en changer. Certes le Risperdal m’apporte son lot d’effets secondaires mais je dois avouer que depuis plus de dix ans que je le prends maintenant ma vie a été transformée. Je n’ai plus les crises d’impulsivité qui la guidaient. Je n’ai pas refait de tentative de suicide. Oui je pense qu’en parallèle le fait de ne plus travailler m’apporte une sérénité supplémentaire au quotidien. C’est un tout mais je me sens bien et je n’ai pas envie de remettre en cause cet équilibre qui dure maintenant ou de retomber dans mes vieux travers. J’ai grandi et aujourd’hui je vis dans l’espérance de jours apaisés. Je vis dans l’espérance de pouvoir terminer ma vie sereinement. Comme elle aurait dû l’être. Depuis dix ans j’ai radicalement changé de vie. J’ai grandi et évolué. Grâce à mes activités de bénévole au sein de la Fondation j’ai trouvé une sérénité. Oui j’ai failli tout arrêter au mois de juin dernier. Mais je ne me voyais pas faire autre chose. J’ai eu raison de reprendre et tout se passe bien. Je suis apprécié pour la qualité de mon travail et l’énergie que j’apporte à l’équipe au quotidien qui est reconnue et dite ! Il y a quelques semaines de cela j’ai participé à une réunion des « délégués » de ma mutuelle. C’est quelque chose qui me tente beaucoup. J’avais répondu à un questionnaire il y a quelques mois et on m’avait demandé si je souhaitais m’investir davantage dans le vie de cette dernière Pour l’instant rien n’est fait mais il y a de fortes chances pour que je devienne délégué et peut être aussi administrateur lors des élections prévues en juin 2026. C’est quelque chose de nouveau pour moi. J’ai enfin l’impression d’avoir une vie normale et il aura fallu que j’attende la seconde partie de ma vie pour que je devienne sage et impliqué. Stable aussi et cette stabilité me rend heureux.

Il n’y a pas de fatalité à vivre avec une maladie mentale. Il y a dix ans j’ai fait des choix. Des choix qui se sont révélés judicieux. Mais à quel prix ? J’ai toujours nagé à contre courant. Je me suis toujours dis qu’il ne fallait rien lâcher continuer à se battre. Mais il y a dix ans quand le Docteur Porta m’a convaincu de me faire mettre en invalidité je ne savais pas ou je mettais les pieds. Le monde du travail n’était plus fait pour moi j’étais arrivé à un point de non retour et sans ce bouleversement majeur dans ma vie je crois bien que je ne serai plus là pour en parler aujourd’hui. Pour témoigner que oui il y a des solutions. Oui il faut parfois renoncer à certaines choses mais ça en vaut le coup. Franchement je ne regrette pas d’avoir fait ce choix de vie. Accepter de se soigner. De comprendre que si je ne faisais rien j’allais m’anéantir. Et tel le phénix j’ai ressuscité de mes cendres. C’est une nouvelle vie. Une nouvelle étape. Je vis aujourd’hui enfin une vie apaisée de tourments. Alors oui il faut faire des choix. Prendre des décisions. Accepter d’entendre qu’on est malade et que si on ne fait rien c’est sa vie qu’on met en jeu. Que dans mon cas il n’y avait pas d’alternative. C’est le prix à payer et en écrivant ces lignes je ne peux m’empêcher de penser à David Porte mon frère de cœur qui, quand je lui exprime mes regrets quant à l’échec de ma vie professionnelle, n’a de cesse de me rappeler que j’étais malade et que je le suis toujours même si je suis plus apaisé aujourd’hui. Alors j’essaie de me rattraper aujourd’hui à travers le bénévolat. Il m’apporte un contact avec le monde extérieur. Grâce à la Fondation je me sens utile et je tisse du lien social avec le monde extérieur. Voilà ce que je fais de ma vie chaque jour et chaque jour je me dis que j’ai le bon choix.

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